Presse | Comment Panagora aide les petites entreprises à grandir à Maurice

À Maurice, de plus en plus de grandes entreprises s’allient avec des petites structures pour faire avancer l’économie locale. C’est le cas de Panagora, qui collabore avec les PME depuis des années. Dans cet entretien, Yovan Jankee, Sustainability & Communication Manager, explique comment cette collaboration fonctionne, pourquoi elle est importante et ce que cela change pour les entrepreneurs mauriciens. Il répondait aux questions de Business Magazine.

 

Comment Panagora travaille-t-elle avec les petites et moyennes entreprises (PME) à Maurice, pourquoi ce choix fait-il partie de votre façon de faire du business, et comment cette collaboration a-t-elle évolué au fil du temps ?

Le soutien aux PME ne fait pas partie de nos engagements sociaux. La collaboration avec des petites et moyennes entreprises fait plutôt partie de notre way of doing business. La mission de Panagora, affichée dans tous les bureaux et sur notre site web, dit textuellement : « nous faisons le choix de servir tous les clients, des grandes chaines aux petits commerces de proximité. »

Au sein de notre entreprise, nous collaborons majoritairement avec des petites et moyennes entreprises à deux niveaux. D’une part au niveau commercial, nous permettons l’accès au marché de nouveaux produits (locaux le plus souvent, parfois importés) comme ceux de RG Pasta par exemple. Au niveau commercial toujours, la grande majorité des clients de Panagora (nous estimons 75%) sont des PMEs.

Par ailleurs, au niveau opérationnel, nous collaborons également avec de nombreuses PME pour des processus clés de l’entreprise : l’organisation évènementielle, les activations de terrain mais également le développement de plateformes informatiques, voire la gestion de nos déchets. Nous privilégions les partenariats de long terme avec ces PME, ce qui leur apporte une forme de stabilité. Ainsi, des structures comme In Situ Visual Merchandising ou Echobox travaillent avec Panagora depuis bientôt une décennie.

J’aimerai donner un exemple précis de l’évolution positive de ce type de relations. Au-delà de sa flotte logistique en propre, Panagora collabore régulièrement avec des prestataires indépendants. Il y a quelques années, nous avons renforcé cette relation en mettant en place des accords transporteurs : concrètement, il s’agit d’un accompagnement formel avec des formations qualité, des audits de suivi, et l’accès à des équipements. Qui plus est, nous avons permis à certains employés qui le souhaitait de lancer leur propre entreprise de transport, en utilisant ces accords comme cadre de lancement. Pour ces petits entrepreneurs, avoir un partenaire comme Panagora avec son flux de produits et ses procédures établies offre une belle stabilité qui leur permet de se développer sereinement par ailleurs.

C’est pourquoi je me permets d’insister sur le fait que nous collaborons avec les PME parce que c’est notre way of doing business : ce n’est pas un engagement social de façade.

 

De quelles façons concrètes soutenez-vous les petites entreprises à Maurice, et pouvez-vous nous donner des exemples de PME avec qui ce soutien a porté ses fruits ?

Nous contribuons au développement des PME essentiellement via trois canaux actuellement.

D’abord, sur le canal de développement de produits. Nous recevons régulièrement des demandes d’entreprises mauriciennes qui sont à la recherche d’un distributeur alimentaire partenaire. Ces demandes peuvent transiter par des associations comme l’AMM ou nous parvenir directement par notre site web. Panagora s’efforce de toujours rencontrer les producteurs qui cherchent un partenaire, notamment si nos connaissances semblent pertinentes. C’est ainsi par exemple que nous avons collaboré depuis 2017 avec Hai Nan Foods pour le lancement de la marque Hao Chi.

 

L’adéquation entre les besoins de la PME et notre expertise est un point important : dans beaucoup de cas, les volumes et les exigences opérationnelles de la grande distribution ne sont pas toujours adaptées aux entreprises qui démarrent. Nous avons parfois, au fil des années, recommandé au contraire à certaines entreprises de se concentrer sur d’autres marchés plus adaptés.

Le deuxième angle de collaboration principal est sur le conseil commercial. Pour Panagora, le commerce de proximité demeure un secteur dynamique, qui a toute sa place dans le paysage mauricien. En effet, si beaucoup de tabagies traditionnelles ont fermé, nous avons constaté en parallèle l’émergence de nouvelles générations de boutiquiers motivés. C’est une intuition que nous avons confirmé par une étude anthropologique privée en 2021.

Partant de ce constat, l’équipe commerciale de Panagora a mis en place un projet d’accompagnement dédié incluant par exemple un petit livret pratique sur l’agencement magasin et le parcours clients, une aide à la mise en place de planogrammes, et un suivi plus impliqué. Ce service, actif depuis 2022 maintenant, est ouvert une fois par an à une cohorte de petits commerces répondant à des critères précis. Bien entendu, il s’agit de clients de Panagora uniquement. Ces PME affichent des croissances à deux chiffres sur l’année d’accompagnement.

Enfin, la troisième voie de soutien que Panagora développe depuis quelques années est sa plateforme de communication. Même à l’ère des réseaux sociaux, il peut être difficile pour une PME d’avoir le temps de se faire connaitre ou d’avoir accès à certains canaux de communication plus traditionnels comme la radio ou les salons. Panagora vient répondre concrètement à ce besoin, par exemple avec la production d’une série de podcasts intitulée Lavi Laboutik dans laquelle nous avons permis à 5 boutiquiers de raconter leur quotidien et se faire connaitre encore plus du public. Plus récemment, nous avons collaboré avec une chaine de radio locale pour la mise en avant d’autres petits commerces locaux pendant deux mois sur le terrain. Via Panagora, chaque commerçant a pu bénéficier gratuitement d’une visibilité médiatique équivalent à des dizaines de milliers de roupies. 

 

Quels sont les avantages que Panagora tire d’une telle collaboration avec les PMEs ?

Pour reprendre le point que j’ai évoqué plus haut, les PME sont pleinement intégrées aux processus commerciaux ou opérationnels de Panagora actuellement. Nos partenaires PME sont agiles, motivés et partagent notre code d’éthique. Ce dernier point en particulier, les valeurs partagées, est absolument essentiel pour nouer un partenariat sur le long-terme qui bénéficie tant à la PME qu’à la grande entreprise. Partant de là, les PME sont des jalons essentiels de notre chaine de valeur, qui peuvent opérer de manière plus agile et moins averse au risque qu’une structure plus lourde.

Pour prendre une perspective plus large, Panagora vient de célébrer ses 50 ans d’existence. Notre structure est encore bien consciente qu’il y a quelques décennies, moins d’une vie humaine, nous étions nous aussi une PME qui venait challenger les gros acteurs de l’époque. Nous avons grandi en partie parce que d’autres entreprises établies, typiquement les boutiques du coin, nous ont fait confiance.

Ce pan de notre histoire est en partie ce qui nous a poussé à soutenir le Greenwave Innovation Challenge de La Turbine en 2024. Nous y avons eu l’opportunité de rencontrer et d’échanger avec de nombreuses startups en cours de développement, avec qui nous avons pu partager nos conseils et nos insights sur le marché alimentaire. C’est aussi ce qui nous a poussé, en Juin 2025, à inclure dans notre stand au Festival de l’Alimentation un espace dédiée pour « Nou Baz Solider », une petite entreprise sociale qui vient d’ouvrir à Mangalkan.

 

 

Comment évaluez-vous l’effet de votre soutien sur la croissance des PME ?

Il est difficile de mettre un chiffre, au-delà du flux d’affaires qui peut exister entre les PME et Panagora.

Il ne faut pas exagérer l’impact qu’une seule entreprise peut avoir sur le développement d’une autre. D’une part, Panagora n’est absolument pas la seule entreprise engagée à travailler avec des PME ou à les soutenir via notre plateforme de communication ou d’autres services. D’autre part, et c’est le point le plus important, c’est l’équipe de la PME qui demeure entièrement responsable de son succès.

Nous l’avons constaté de manière récurrente, notamment via des projets n’ayant pas abouti : Panagora peut contribuer mais les clés de la réussite sont dans la petite entreprise elle-même, et pas ailleurs.

 

Quels sont les principaux défis ou obstacles que vous rencontrez en accompagnant les PMEs ?

Chaque entreprise a ses réalités mais je souhaite reprendre le point évoqué plus haut sur l’adéquation. Parfois, Panagora n’est pas le bon partenaire pour une PME.

Nos réalités opérationnelles sont très exigeantes et parfois pas adaptées aux capacités de production ou autre d’une PME. Il ne fait pas sens dans ces cas par exemple de forcer une collaboration. Il vaut bien mieux laisser chacun grandir de son coté, en gardant de bonnes relations, quitte à se retrouver plus tard.

 

Quelles sont vos ambitions ou projets futurs pour renforcer ou élargir ce soutien aux PMEs ?

Nous n’avons pas de projet futur en ce sens. La priorité de Panagora est pour le moment de mieux implémenter les projets actuels : améliorer les moyens à disposition, les suivis et rester à l’écoute de nos partenaires.

 

Selon vous, quelles seraient les mesures prioritaires à mettre en place à Maurice pour favoriser un écosystème plus dynamique entre grandes entreprises et PMEs ?

Je pense que l’écosystème de collaboration existe déjà, avec un dynamisme réel. Ce sont souvent les aspects administratifs en réalité qui sont parfois complexes à naviguer. Il ne faut pas oublier qu’une PME n’a par définition pas les mêmes ressources qu’une plus grosse entreprise. Cela ne signifie pas uniquement qu’il y a moins de personnes pour gérer les dossiers mais également que la charge mentale de cette gestion s’accumule également. C’est sans doute dans ce type d’écoute et d’accompagnement qu’il peut y avoir des avancées.

 

Retrouvez le dossier complet dans Business Magazine. Juillet 2025